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Miriama Bono, à la croisée des Arts.

Dernière mise à jour : 26 sept. 2020



Miriama Bono est une artiste qui aime l'Art, mais aussi une artiste qui aime ... les autres artistes. Parmi ceux-là : le sculpteur Teva Victor que l'on ne présente plus et le discret et non moins confirmé peintre et plasticien Patrick Guichard. C'est donc à ces deux hommes de talent que Miriama a proposé une exposition collective : “AUMATA, regards croisés” qui s'ouvrira du Lundi 22 au Samedi 27 Juin, salle Muriavai. L'occasion pour nous de lever un peu plus le voile sur une artiste qu'aucune certitude n'emprisonne...


Bien qu'ils aient chacun leur démarche et leurs univers propres, c'est d'abord la passion qui réunit les 3 artistes “ La passion de créer, mais aussi celle de voir les créations des autres.” déclare Miriama. "Je trouve que nos univers se répondent bien, et je savais que l’un comme l’autre était tenté par une exposition commune. Je suis contente que nous puissions réaliser ce projet ensemble.”


Une expo : 3 regards... au moins


Miriama exposera donc avec 2 autres artistes passionnés : Teva, pour "son envie évidente et irrépressible de créer" et Patrick pour " sa curiosité, presque sa gourmandise, artistique". "Je ne dirais pas que nous avons un message commun pour cette exposition, mais plutôt une envie commune, de partager, voir, échanger, toucher... Et de poser, en toute modestie, un regard, plutôt bienveillant malgré tout, sur le monde qui nous entoure. (…)

"Poser, en toute modestie, un regard, plutôt bienveillant (...), sur le monde qui nous entoure."

"Avec la crise sanitaire qui est arrivée, l’exposition bien évidemment a été remise en question mais la Maison de La Culture a eu la bienveillance de nous proposer une nouvelle date pour fin juin. Vu le contexte actuel, c’est une opportunité à saisir, et c’est important de continuer à produire des contenus malgré tout. Avec ce premier RDV - “sans idée précise au moment où je prenais l'attache du Te Fare Tauhiti Nui pour réserver la salle Muriavai initialement pour la fin du mois d'avril" - Miriama, que l'on connaît en tant que Directrice du Musée de Tahiti et ses îles, mais aussi présidente de l’association organisatrice du Festival International du Film documentaire Océanien (FIFO), et initiatrice de plusieurs événements artistiques contemporains, nous dévoile encore un peu de son humanité, de sa sensibilité... peut-être même un peu de sa fragilité.


La magie de la peinture à l'huile...


Son fil conducteur est d’abord le plaisir avoue Miriama lorsque je l'interroge sur ce qui l'a guidée pour ce nouveau RDV après 8 ans d'absence de la salle Muriavai. “Cela peut paraître étrange, voir égocentrique, mais c’est en fait la première exposition que je fais pour mon plaisir. Je me suis très souvent mis beaucoup de pression pour mes expositions, à tel point ces dernières années que j’ai fini par ne plus vouloir exposer, et par peindre de moins en moins. Je pensais que j’avais perdu l’envie, ou l’inspiration, et je me rends compte maintenant que tout simplement, je n’y prenais plus de plaisir. "

"J’avais presque oublié (...) à quel point j'adore depuis que je suis enfant le simple fait d’étaler de la peinture"

"En fait, c’est l’envie d’explorer les possibilités de la peinture à l’huile qui m’a ramenée au plaisir d’étaler de la peinture, de la mélanger, de jouer avec les épaisseurs, les contrastes. Ça peut paraitre idiot, mais j’avais presque oublié à quel point j’adore, depuis que je suis enfant, le plaisir que me procure le simple fait d’étaler de la peinture … "


"Une fois que j'aie eu accepté cette notion de plaisir, les sujets sont venus assez naturellement. Ils sont en fait très liés à ma vie quotidienne: les collections du Musée, les motifs de tifaifai que j’affectionne depuis toujours , la nature et les fougères, que je vais chercher dans la montagne où j’habite, les textes que je lis ou que j’étudie. C’est en fait beaucoup de mon univers personnel que l’on retrouvera dans ces toiles, et les sources d’inspirations ne manquent pas … Ces images sont ensuite déclinées en couleur, et là aussi, c’est une libération toute nouvelle. Jusqu’a présent mes palettes étaient plutôt monochromes, je m’autorisais rarement autant de variations de couleurs. C’est même la première fois que je n’utilise pas de noir dans mes tableaux. “

"C’est la première fois que je n’utilise pas de noir dans mes tableaux."

...Louis Devienne, l'instigateur.


“Dans ma tête, la peinture à l’huile c’était pour Léonard de Vinci, les peintres classiques, les beaux-arts … J’appréhendais les contraintes de séchage, de liants, cela me semblait fastidieux et très techniques.” C'est en effet, une crainte récurrente que l'on observe chez nombre d'artistes contemporains lorsque l'on questionne sur les raisons du choix de l’acrylique plutôt que l'huile.


Mais Miriama, réalise une interview de l'artiste peintre Louis Devienne et la magie opère alors. ”Louis m’a parlé de lumières, de transparences, de richesse des couleurs avec un tel bonheur que j’ai eu envie, et même besoin, de tester. Au delà de la technique elle-même, notre conversation m’a aussi renvoyée à des notions de plaisir et de matières , au point d'en devenir obsédante … Cette interview a été réellement débloquante pour moi, et je me suis donc jetée à l’eau. J’ai découvert, avec le plaisir du novice, les charmes mais aussi les contraintes de l’huile, et je me suis rendu compte que le temps était au final non pas une contrainte, mais un facteur à intégrer dans la création. Cela m’a forcée à être peut-être moins impulsive dans ma peinture, plus réfléchie, avec paradoxalement moins de prises de tête … “


Le Pacifique, la peinture mais aussi les mots


On connait les réalisations abstraites de Miriama, d'autres plus "symboliques", avec des couleurs, des motifs où l'on identifie toujours l'ancrage polynésien, voire du Pacifique, une thématique centrale pour l'artiste. “ Le Pacifique fait partie de moi, de ma vie, aussi bien personnelle que professionnelle. Ma peinture est un mélange de plusieurs influences : la peinture abstraite mais aussi les arts du Pacifique. J’ai la chance d’être nourrie quotidiennement par une vie culturelle extrêmement dense et prenante, et c’est assez naturel au fond que ces images se retrouvent dans ma peinture… Mais ce qui m’intéresse, c’est de les réinterpréter, de les confronter, les transposer .”


On lui connait aussi sa “fascination pour les mots, les livres, les écrits”. Pourtant, elle estime ne pas avoir le talent de l’écriture “mais j’adore lire, et c’est important pour moi de valoriser la lecture ; d’amener mes enfants à la lecture. C’est comme cela qu’est née l’aventure du podcast de Parau Tama, que nous réalisons avec mon mari pour notre fils, mais également pour partager avec les enfants polynésiens la richesse des contes polynésiens. C’est important de stimuler l’imaginaire des enfants - et des adultes aussi d’ailleurs - et les livres sont un formidable moyen d’évasion".


Déjà en 2014 Miriama avait demandé à Chantal Spitz, Rai Chaze, Ariirau Richard et Michèle de Chazeaux de mêler écriture et peinture pour l’exposition « Te Mau Parau » "J’ai adoré cette expérience. Cela donne vraiment une dimension différente à la peinture" .


Pour cette nouvelle exposition, il a semblé naturel à Miriama d’inclure des textes de Teuira Henry qu'elle lit beaucoup en ce moment, mais aussi d'autres personnes qu'elle apprécie particulièrement nous dit-elle "qui ont une très belle plume, comme Maeva Leu ou Heuira Itae-Tetaa" que Raw Tahiti salue au passage.


Evolution et perspectives.


Miriama estime que l''exposition Aumata, regards croisées, marque une “évolution” dans son cheminement : “Je trouve plutôt sain au fond qu’avec le temps ma peinture évolue, cela serait assez triste de peindre toujours la même chose. Je n’ai pas vraiment envie de m’enfermer dans un style, même si j’ai bien failli le faire à force de trop intellectualiser les choses … " Finalement , analyse Miriama, ma peinture est assez logiquement en cheminement avec moi, et j’aime assez cette idée. Surtout j’espère que ça continuera comme ça, et que dans 10 ans, 20 ans, j’aurai toujours des choses à découvrir, aussi bien personnellement que dans ma peinture. Quitte à être incohérente avec moi-même.”


Incohérente Miriama ? Et si nous estimions plutôt qu'elle est tout simplement avide, avide de découvertes, d'enrichissement, de diversité, qui lui permettent finalement d'être ouverte à tous les points de vue, toutes les possibilités, toutes formes de création qui contribueraient à améliorer le monde ? Au moins celui des Arts qui communiquent...


> RDV donc Lundi 22 Juin, dès 9h, salle Muriavai, Maison de la Culture, Papeete.


> Retrouvez sur notre plateforme les oeuvres de l'artiste : "Adaptation" "Transition" "Révolution"




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